Le cas du soldat Victor Alavoine
Certains hommes furent combattants, puis prisonniers, puis après leur évasion, à nouveau combattant. Pour les mobilisés de Maroilles, nous ne connaissons qu’un de ces cas, celui du soldat Victor Alavoine.
L’homme est né le 6 avril 1873 à Maroilles, il est donc de la classe 1893 (dossier 1439, volume 3, Avesnes/Helpe, aux Archives Départementales du Nord).
Au moment de sa conscription, il se dit journalier de profession. Fils de Louis Alavoine, journalier également (il deviendra ouvrier tanneur plus tard), et d’Urcelline Hauet, Victor est un roux de 1 m 67, aux yeux bleus, au front découvert et au nez fort. Son niveau d’instruction est faible, niveau 2 selon sa fiche militaire, ne sachant que lire et écrire, mais « exercé », ce qui signifie qu’il a suivi une préparation militaire à Maroilles au sortir de sa scolarité.
Il fait son service militaire au 23e Régiment des Dragons ; incorporé le 16 novembre 1894, il se blesse au genou le 13 mai 1896 lors d’une chute de cheval. Il est mis en congé le 24 septembre 1897 après avoir effectué ses trois ans de service. Avant son incorporation, il a été condamné le 23 octobre 1894 par le tribunal d’Avesnes-sur-Helpe à vingt jours de prison et à une amende « pour coups et blessures volontaires, pour jet de corps durs et dommage à la propriété mobilière d’autrui ». Nous avons donc affaire à un homme au caractère fort et probablement bagarreur ! Il ne sera « réhabilité de droit » que le 12 avril 1913. Il effectue deux périodes d’exercices au 84e Régiment d’infanterie local en 1900 et 1903. En 1902, il a épousé à Maroilles Marie Azéma Splingard, servante à Leval, âgée de 29 ans comme son époux.
En 1905, il réside à Felleries et exerce la profession d’ouvrier tanneur à la tannerie Leblond. Au 24 juillet 1906, il vit à Maroilles, travaillant comme ouvrier tanneur aux tanneries de la famille Mailliard, le plus gros employeur du village. C’est à Maroilles qu’il est mobilisé le 1er août 1914 au 4e Régiment d’infanterie territorial, dans lequel il est passé en 1907 comme réserviste. Il arrive dans son régiment le 14 août 1914 (Landrecies ou Avenses-sur-Helpe) avant de rejoinde la place forte de la ville de Maubeuge le 21. Il y sera fait prisonnier par les Allemands lors de la reddition de la ville avec des milliers d’hommes du 4e R.I.T., pour beaucoup du nord de la France.
Interné au camp de Friedrichsfeld, il s’en évade le 17 mars 1916 (il va avoir 43 ans) et rentre en France le 30 mars suivant. Il rejoint son régiment (4e R.I.T.) le 5 avril, c’est à ce moment que l’artiste peintre Julien Le Blant le peint en uniforme à la caserne de Reuilly, à Paris XIIe.
Le 4 juillet, il est dirigé sur le dépôt du 176e R.I. à Agde, puis il passe au 115e R.I.T. le 3 octobre 1916. Il semble qu’il ne fut plus en état de combattre dans les tranchées. Il se trouve en sursis d’appel à partir du 11 janvier 1917 et travaille à la tannerie Hootelé à Joigny (les entreprises Mailliard de Maroilles et Hootelé de Joigny ont des liens commerciaux avant la guerre), probablement comme ouvrier tanneur. Il est libéré de toute obligation militaire le 1er novembre 1919 et continuera à vivre à Joigny au n°1 rue Davier.