Excellent peintre, aquarelliste et dessinateur, Julien Le Blant s’initie sur le tard à l’art de la gravure. Le peintre suisse Luigi Chialiva lui apprend à la technique de la gravure par claque. Chialiva est aussi un connaisseur en technique picturale. Il est l’inventeur d’un fixatif pour pastel, probablement à base de caséine, qu’il va enseigner à Degas.
Alors que dans les livres illustrés par Le Blant, des burinistes de talent reprenaient ses dessins, pour ses poilus, l’artiste a travaillé lui-même ses estampes. Durant la guerre il réalise et tire 3 lithographies. Dans les années 20, il expérimente eau-forte, pointe-sèche, aquatinte et vernis mou. Ses croquis au crayon comme ses lavis ou aquarelles ont parfois été repris en atelier pour faire l’objet d’une estampe pour un tirage multiple.
[…] Je m’amuse toujours à transcrire mes dessins en eaux fortes, je veux faire cela, et laisser ce souvenir qui intéresse peu de gens à l’heure actuelle, mais qui sera un vrai document dans l’avenir. Quand je dis que je fais de l’eau forte, je devrais plutôt dire que je dessine sur du cuivre ou du zinc et que je me sers d’acide et de toutes sortes de choses ; je cherche à me rendre utile voilà tout. Si ce n’est pas de l’art, ce sera quelque chose d’autre, peut-être rien qu’une documentation. […]
Lettre à Guiguet, Paris, 3 décembre 1923
[…] je ne fais rien, ou presque, quoi que la gravure m’amuse beaucoup malgré et peut être à cause de tous mes ratés j’en fais peu, pas assez à mon gré. Vous savez que la poussière est la grande ennemie de la gravure et nous en avons beaucoup trop à cause des feux. […]
Lettre à Guiguet, non datée