Un Parisien amoureux de la Bretagne
Peintre parisien né en 1853, Léon Duval-Gozlan découvre et est conquis par la Bretagne sud en 1910. Intime de Maxime Maufra, connu à Montmartre, il se laissera séduire par les images, les esquisses et les peintures que celui-ci exposait à la galerie Durand-Ruel et choisira la presqu’île de Quiberon comme port d’attache.
Léon Duval était né à Paris, 29 rue Saulnier dans le 9ème arrondissement. Il est le fils de l’architecte Charles Duval et le petit-fils du romancier Léon Gozlan dont il porte le prénom et dont il va ajouter, non sans fierté, le patronyme à celui de Duval qu’il tenait de l’état civil. Il va donc désormais se faire appeler Duval-Gozlan !
La peinture, il la découvre à Ville-d’Avray où l’architecte, son père, avait construit une villa secondaire non loin de la maison qu’habitait un autre artiste très célèbre à cette époque : Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875). Ils voisinaient avec ce grand artiste et sans doute est-ce à partir de ces contacts avec lui que Léon Duval-Gozlan devra sa vocation. Il accompagnait le peintre Corot sur des lieux qui, pour lui, étaient de grands motifs : les allées forestières ou les berges de l’étang de cette ville. En 1870, après avoir terminé ses études à Rouen, Léon entra à l’Ecole nationale des Beaux-Arts et, non sans appui, dans l’atelier de l’illustre Alexandre Cabanel (1823-1889) où il restera pendant trois ans. Cet exceptionnel dessinateur corrigeait, paraît-il, le travail de ses élèves avec un art consommé. Ce fut en 1878 que Duval-Gozlan envoya pour la première fois, au Salon des Artistes, un tableau qui fut particulièrement remarqué. Il était devenu, désormais officiellement, le peintre Léon Duval-Gozlan. Il va d’ailleurs y exposer consécutivement pendant dix ans.
Après ces dix années d’expositions d’œuvres au Salon des Artistes, il va quitter la Société des Artistes Français et rejoindre, en 1890, celle, nouvellement fondée, des Artistes Indépendants. Là, vraiment, il connaîtra le succès, situation qui ne l’abandonnera qu’à la fin de sa retraite passée à Kerhostin (Morbihan). En 1910, année où il exposera pour la dernière fois à Paris, il devinait déjà que les hommes de sa génération laisseraient bientôt la place à de plus jeunes. Il n’était plus d’accord, esthétiquement parlant, avec les nouveaux venus qui, Fauves et Cubistes, allaient révolutionner la peinture française encore tributaire des conquêtes impressionnistes.
Les paysages qu’avait peints Duval-Gozlan en Normandie dans sa jeunesse étaient parfois assez lourds de pâtes, ceux qu’il avait brossés plus tard dans la Manche, du côté de Saint-Vaast notamment, étaient au contraire un peu frêles. Son art se fera plus précis lorsqu’il se trouvera au sud de la France où il peindra pendant de nombreuses années. Il est certain que les œuvres de Bretagne, à mesure que l’artiste vieillira, seront de plus en plus libres d’exécution et lorsqu’il s’agira des peintures, elles seront de plus en plus énergiquement colorées et chargées de matière. La pâte en sera dense et onctueuse, l’éclat certain, la luminosité vraiment impressionnante.
Léon Duval-Gozlan décède en 1941.
(Extrait de la conférence « Un ami de Maufra : Léon Duval-Gozlan », par Jean-Michel Kervadec – 2014).