Un autre passionné d’uniformes
Jacques Marie Gaston Onfroy de Bréville naît le 25 novembre 1858 à Bar-le-Duc, en Lorraine. Il est le fils de Georges Marie Onfroy de Bréville, substitut du procureur à Avallon, et de Anatoline Robertine du Val d’Eprémesnil. Son frère Pierre, né en 1861 sera un musicien reconnu.
Doué pour le dessin, Jacques croque dès l’âge de 7 ans de nombreuses saynètes militaires. En 1868, sa famille déménage à Paris et il entre à l’école Bossuet avant de poursuivre sa scolarité au collège Stanislas. À ce moment, il commence à signer ses dessins et caricatures « Job » (composé à partir de ses initiales) et il compose des pièces de théâtre avec son frère. Son père s’étant opposé à ce qu’il entre à l’École des beaux-arts à sa sortie du collège Stanislas, il s’engage dans l’armée, mais revient à Paris en 1882. De cet intermède, il conserve un goût immodéré pour la chose militaire, le patriotisme, voire le chauvinisme. Dans un milieu familial peu ouvert à la République naissante, il hérite d’une pensée conservatrice qui le fera adhérer à la Ligue de la patrie française anti-dreyfusienne et rechercher les amitiés de Caran d’Ache, Forain ou Albert Guillaume.
Il intègre enfin l’École des beaux-arts et expose au Salon des artistes français en 1886. Il y reçoit un accueil mitigé. Il commence alors une carrière de dessinateur en collaborant à des journaux satiriques qui fleurissent dès 1880 après l’abolition de la censure.
Il se consacre à la caricature politique dans des feuilles bonapartistes et à la caricature de mœurs où son crayon alerte est apprécié dans La Vie parisienne ou La Caricature, dirigée alors par Robida. Les chevaux et les scènes de petite galanterie sont sa spécialité, mais c’est dans l’imagerie enfantine que bientôt il se démarquera avec éclat des artistes de sa génération.
En 1894, l’album Les Gourmandises de Charlotte, fable féroce de Jeanne Samary sur les méfaits de la gourmandise dans la veine du Struwwelpeter, est traité dans un style d’histoires en images qui joue déjà sur l’inclusion de l’image dans le texte.
À la même époque, ses contributions aux Images d’Épinal et à Mon Journal offrent des scènes de bataille et de parades enfantines pleines de grands héros ou de petites vivandières. Il se met ensuite au service de prestigieuses collections d’albums historiques chez les éditeurs Plon, Charavay ou Delagrave, désireux de séduire par la qualité de l’image une jeunesse chauffée au fer rouge par le patriotisme après le désastre de Sedan.
Ses grandes compositions en couleurs ont contribué à entretenir le culte des héros de la nation. Ses dessins de Napoléon et de Murat ont peuplé l’imaginaire de générations d’enfants. Son sens du détail se retrouve dans L’Épopée du costume militaire français. Même dans les albums destinés aux enfants, il veille à reproduire les uniformes, notamment ceux du 1er Empire, avec une extrême précision. À ce sujet, il échange une correspondance avec Julien Le Blant qu’il appelle « mon cher maître et ami».
Ses livres les plus réputés sont Murat, Le Grand Napoléon des petits enfants, Petite Histoire de France, Louis XI, Napoléon, Bonaparte, La Cantinière, Les Voyages de Gulliver et Les Gourmandises de Charlotte.
Il a également illustré la vie de Washington et s’est fait connaître aux États-Unis. Artiste plein de verve et de gaieté, il a été sociétaire des humoristes et a exposé aux Incohérents. Job meurt le 15 septembre 1931 à Neuilly-sur-Seine.