PEINTRE D’HISTOIRE

Un peintre de genre remarqué

Julien Le Blant est un autodidacte qui participe en 1874 à son premier Salon et décroche d’emblée une médaille de troisième catégorie. Rapidement il obtient les trois médailles qui le placent hors concours pour cette manifestation très convoitée. La concurrence est forte à cette époque. A l’occasion du Salon annuel, des milliers de candidats se bousculent pour être remarqués sur trois rangées de cimaises. Le jeune peintre fait preuve d’un talent certain pour être régulièrement acclamé et cité comme artiste de référence.

Exécution du général Charette (1883)

Une médaille d’or lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889, attribuée par un jury international, ne fait que confirmer ce que les spécialistes s’étaient accordés à reconnaître unanimement depuis plusieurs années. Julien Le Blant se profile comme peintre spécialiste des scènes de chouannerie et des épisodes liés aux guerres de Vendée. On le surnomme d’ailleurs le peintre des Chouans durant toute sa carrière.

Le sujet des guerres de Vendées devient sa marque de fabrique. Même les journaux caricaturaux en font sa chasse gardée !

Il présente aussi lors des salons quelques compositions mettant en scène des grognards de Napoléon.

Le retour du régiment – Photographie de l’atelier Goupil, 1892.
Tableau aujourd’hui disparu.

En 1893 Julien Le Blant est sélectionné, parmi d’autres, pour représenter la France lors d’une exposition mondiale : la Chicago World’s Fair, appelée aussi World’s Columbia Exposition, réalisée en l’honneur des 400 ans de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Pour cette manifestation, qui dure du 1er mai au 3 octobre et accueille plus de 17 millions de visiteurs, il présente: Retour du Régiment, peinture reprise d’une illustration réalisée quelques années auparavant pour les cahiers du Capitaine Coignet. Dans son chapitre consacré à l’art de la France, le catalogue officiel est élogieux:

« Grolleron et Le Blant sont du meilleur goût, bien qu’ils aient une approche différente de leur sujet. L’aîné restitue sérieusement et avec une composition bien sentie un incident dramatique. Il le fait sobrement et d’une facture meilleure que d’habitude. Le plus jeune apporte une touche de sarcasme et d’humour. Son Retour du Régiment de l’armée héroïque de Sambre-et-Meuse nous présente un féroce bataillon crasseux et loqueteux, prêt pour une inspection sur la place publique. Il est oisivement passé en revue par une foule dédaigneuse de dandys vêtus au dernier cri de la mode où chacun semble plus ridicule que son voisin. Les guerriers sont sombres et froncent les sourcils face à ces regards narquois. Des signes d’énervement se font sentir chez l’une ou l’autre des plus vieilles moustaches  « Ce qui plaît d’ailleurs chez Julien Le Blant, ce qui est le charme de sa peinture, la force de son talent, la grâce de son tempérament actif, primesautier, intelligent de tout, profond aussi et pensif, vibrant de toutes les émotions modernes et singulièrement compréhensif des choses d’autrefois, ce qui est la santé même de cette personnalité solide et élégante à la fois, c’est la facilité dans l’exécution, le brio et l’entrain bien portant. Rien de pénible ici. On sent que le peintre a cette vertu qui prime toutes les autres, le don. Il est né peintre, disais-je, et n’a jamais eu à peiner pour être peintre. L’inspiration lui jaillit en même temps des doigts et du cerveau. II ne halète point devant sa toile. II enlève son tableau avec l’alacrité joyeuse de ses soldats courant à la baïonnette. Saluez tout ce qui, en art, est facile et semble enfanté dans le plaisir. Les œuvres faciles ont le sourire et le charme comme les femmes jolies. »

Julien Le Blant a vu ses toiles systématiquement achetées par l’Etat ou par des privés.Les originaux de ses dessins d’illustration s’arrachaient au prix fort lors de ventes aux enchères à l’Hôtel Drouot.

Travailleur infatigable, il a laissé une œuvre qui rassemble plusieurs centaines de toiles, d’aquarelles, de dessins de paysans, de paysages, de soldats de la première guerre. Il nous laisse aussi plus de mille illustrations publiés dans des ouvrages majeurs du dernier quart du siècle.

Le dîner de l’équipage – huile sur toile au musée de la marine à Paris