Un Norvégien à Beaulieu-sur-Dordogne
Johan Frederik Thaulow, dit Frits Thaulow, né à Christiania (Norvège) le 20 octobre 1847. Il est considéré comme un des pionniers de la peinture naturaliste norvégienne.
Frits est le fils d’un pharmacien, Harald Conrad Thaulow appartenant à une riche famille bourgeoise dano-norvégienne, qui a vécu au Schleswig-Holstein, alors seigneurie danoise en Allemagne. Sa mère Nina ou Nicoline Lovise Munch est native d’Oslo. Frits est l’aîné des cinq enfants du couple. Né et élevé à Kristiana, il est formé à l’académie des Beaux-Arts de Copenhague. Il séjourne ensuite fréquemment en Allemagne et en France.
Il se fait connaître du public bourgeois par des peintures de pêcheurs en barques et de rivages maritimes. Ces dernières dépassent en nombre celles de rivières et de rives, comme celles de chemins et de rues. Ces toiles maritimes et fluviales obtiennent un franc succès durant la Belle Époque. C’est un peintre naturaliste qui a été influencé par Jules Bastien-Lepage et par l’école de Barbizon.
Il est professeur à l’école de peinture de Modum, qu’il avait contribué à fonder. Edward Munch est un de ses élèves, pour lesquels il parvient par ses sollicitations à obtenir une bourse de l’état norvégien.
Frits Thaulow s’est marié deux fois en Norvège. Il a épousé en premières noces en 1874 Ingeborg Gad (1851-1909), sœur de Mette Sophie Gad et donc belle-sœur de Paul Gauguin. Divorcé, il a ensuite épousé en secondes noces en 1886 Alexandra Lassen (1861-), avant de revenir vivre avec sa première femme. Le premier couple a eu cinq enfants, dont trois nés en dehors du premier mariage religieux, mais reconnus.
Son frère Carl, médecin, a épousé Milly Ihlen, une des premières muses d’Edvard Munch.
Il est l’un des cofondateurs du Salon du Champ-de-Mars avec, entre autres, Jean-Charles Cazin, Alfred Roll, Léon Lhermitte et Carolus-Duran, et il est membre du jury de l’Exposition universelle de 1889 à Paris. Il est célèbre pour ses scènes d’hiver et ses fluides toiles de rivières au réalisme puissant. Il rencontre Auguste Rodin en 1892, une vive amitié naît, et les deux artistes échangent des œuvres.
En septembre 1892, il passe par Montreuil alors qu’il partait pour Venise. Il s’installe dans la petite ville jusqu’en 1894. Il y rencontre une colonie d’artistes anglo-saxons qui a été séduite par le charme de ses remparts à proximité du port d’Étaples où résident d’autres artistes réunis en une sorte de colonie. La renommée artistique de Thaulow fera en partie connaître ces petites villes de la baie de Canche.
Entre 1894 et 1898, il séjourne à Dieppe mais revient souvent dans le Pas-de-Calais y retrouver ses amis peintres Henri Le Sidaner et Henri Duhem. Il poursuit son voyage vers Quimperlé (1901) puis Beaulieu-sur-Dordogne (1903) où il fait la connaissance de Julien Le Blant. Frits Thaulow meurt à Edam-Volendam (Pays-Bas) le 5 novembre 1906.
Après sa mort, la vente des tableaux de son atelier a eu lieu à la galerie Georges Petit à Paris, les 6 et 7 mai 1907. Le catalogue de cette vente comporte 108 toiles et 10 autres œuvres (pastels, dessin, gravures en couleurs). Georges Petit représentait et vendait son œuvre depuis l’installation du peintre en France. Fritz Thaulow possédait dans sa collection une toile de Le Blant: Marché en Corrèze.
[…] En quittant Collonges, il s’installa ii Beaulieu où celui qui fut le peintre « des cours d’eau pressés et des remous aquatiques » aima les rives de la Dordogne. Il y fit ses meilleures toiles, dont : « La Place du Général Marbot par un jour de pluie », « Vue de la Dordogne à Beaulieu », « Route par un jour de pluie ». En mai 1907, les toiles qui se trouvaient dans son atelier et les objets qui avaient fait partie de sa collection particulière, furent dispersés dans une vente à la Galerie Georges Petit. Treize numéros représentaient Beaulieu, les bords de la Dordogne ou des paysages corréziens. Une toile de sa collection : « Marché en Corrèze », était de la main de Julien Le Blant, peintre d’histoire, illustrateur, et à ses heures paysagiste. Il connut Thaulow aux environs de Beaulieu à Altillac où il s’était installé. (Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze 1935)
En 1895, Jacques-Émile Blanche a peint un portrait de lui avec sa famille qui se trouve au musée d’Orsay.