NAISSANCE DANS LES LARMES

Edmond-Frédéric Le Blant épouse le 8 avril 1850, Marie Louise Gasparine Lemaire, fille de Louis Julien Lemaire, trésorier de la ville de Paris, chevalier de la Légion d’honneur, et de Caroline Roudler demeurant au 43 rue de Luxembourg (actuelle rue Cambon dans le 1er arrondissement).

4 Rue Tronchet à Paris

Edmond Le Blant est domicilié avant son mariage au 26 rue de la Chaussée d’Antin. Le couple s’installe au 4 rue Tronchet, maison appartenant à la famille Lemaire. Julien Le Blant nait de cette union le 30 mars 1951. La déclaration de naissance est faite auprès du conseiller général de la préfecture M. Frottin par le père de l’enfant, Edmond Le Blant, son grand-père, Louis Lemaire, ainsi que par M. François Trémisot, chef de division à la préfecture de la Seine.

Acte de naissance de Julien Le Blant

Malheureusement, la mère de Julien décède le 20 avril à 21 ans des suites de son accouchement. Elle est inhumée deux jours plus tard au cimetière du Nord (cimetière de Montmartre). Âgé de 71 ans, son père éploré publie à l’imprimerie Simon Dautreville à Paris :                                                       

Stances sur la mort de ma filleÀ mon petit-fils Julien Le Blant.

Cher enfant, tu naquis dans le deuil et les larmes :

Ta pauvre mère est morte en te donnant le jour !

Malgré nos soins pieux, nos pleurs et nos alarmes

Dieu l’a ravie à notre amour !

Sa jeunesse et ses charmes

Ont escorté son âme au céleste séjour !

Le jour anniversaire où, d’heureuse mémoire,

Jésus, de son tombeau sortit dans sa splendeur,

Ta mère entrait au sien ! victime expiatoire

Offerte au divin Rédempteur …

Jour de deuil et de gloire !

Que ton cruel contraste a dû navrer son cœur !

1851

Comme la fleur qui meurt, au lever de l’aurore,

Elle a perdu la vie, à peine en son printemps.

Le flambeau de l’hymen ne fut qu’un météore

Qui l’éblouit quelques instants Comme un feu qui dévore !…

Fiancée au bonheur… elle est morte à vingt ans !…

Qu’elle eût un sort fatal ! Comme un tendre Ephémère

Elle est venue au monde ; et l’arrêt du destin

Ne lui donna qu’un an pour être épouse et mère !

Puis elle a vu finir soudain

Sa destinée amère,

Sans pouvoir recueillir ton sourire enfantin !

Ah ! qu’elle a dû souffrir, quand Dieu nous l’a ravie !

Quand elle a vu la mort, à la fleur de ses jours !

Mère, enfant, père, époux, seuls charmes de sa vie,

Objets de ses tendres amours…

A sa triste agonie,

Tout ce ciel étoilé s’éclipsa pour toujours !

On la nommait MARIE ; elle était belle et sage ;

On aimait ses talents, ses grâces, ses vertus.

Nous, dans nos souvenirs, nous gardons son image ;

Mais, pour toi, ses traits sont perdus ;

Que je plains ton jeune âge !

Hélas ! pauvre orphelin, tu ne la verras plus !

Connais mon désespoir… Ta mère était ma fille !

Ta pauvre aïeule et moi, brisés par nos douleurs

Nous avons vu mourir l’ange de la famille !

Viens la suppléer dans nos cœurs…

Viens, ta grâce gentille

Un jour… peut-être, un jour, adoucira nos pleurs.

Comment à ton berceau dérober ma tristesse ?

Par des regrets amers nos fronts sont assombris…

Mais nos cœurs sont à toi ; compte sur leur tendresse !…

De ma fille vivant débris,

Que ton sort m’intéresse !

Prends place au premier rang de nos enfants chéris.

Et toi, ma fille, et toi ! … de ton séjour suprême,

Vois ton fils sur nos seins et bercé dans nos bras.

Nos pleurs vont se mêler à l’eau de son baptême…

Viens nous assister, viens, hélas !

Tu sais combien je t’aime !

Descends vers nous, chère âme, et ne nous quitte pas.

Ma fille, mon enfant ! toujours ta douce image

D’un prestige adoré charme mon souvenir.

Mais quand je vole à toi… j’embrasse un sarcophage !!!

Attends ! attends ! je vois venir,

Comme un heureux présage,

Le jour où ce tombeau pourra nous réunir !

Mon Dieu! fortifiez mon cœur dans sa croyance.

Puis-je être de ma fille à jamais séparé ?

Non, Bon ; il est un ciel où finit la souffrance ;

Malheur au cœur désespéré !

La Foi, c’est l’Espérance…

Promettez-moi, mon Dieu, que je la reverrai !…