DE MAISTRE – LES PRISONNIERS DU CAUCASE

Les Prisonniers du Caucase de Xavier de Maistre avec neuf compositions de Julien Le Blant, gravées à l’eau-forte par Louis Müller. La préface de l’ouvrage est écrite par Léo Claretie. L’ouvrage, tiré à 500 exemplaires numérotés, est édité en 1897 par A. Ferroud pour la librairie des Amateurs.

Julien Le Blant a réalisé neuf dessins pour une réédition luxueuse des Prisonniers du Caucase, roman écrit en 1824 par Xavier de Maistre. Xavier de Maistre, né à Chambéry en 1763, est un grand écrivain et peintre. Il a aussi été général au service du tsar Alexandre Ier pour lequel il a combattu aux confins de l’empire russe. Les Prisonniers du Caucase, un récit riche en rebondissements qui mêle de façon heureuse réalisme psychologique et pittoresque de l’intrigue, a été écrit à la suite de ces périples.

Le graveur de l’ouvrage, Louis Müller, est né à Vénissieux le 22 février 1902, est l’élève d’importants graveurs comme Henri-Auguste-Jules Patey, Henri Bouchard et Henri Dropsy. En 1895, il réalise neuf gravures pour La mort du Duc d’Enghien de Léon Hennique d’après des dessins de Le Blant. En 1929, il reçoit le second prix de Rome de gravure en médailles et pierres fines et, en 1932, le premier prix. Il meurt à Antony en 1957.

Résumé

Alors qu’il se rend dans les gorges du Caucase afin de prendre son poste, le major Kascambo tombe en embuscade et devient prisonnier des Tchetchenges. Craignant des représailles, ces derniers font conduire le major dans un village éloigné, chez les montagnards, pieds nus et enchaîné. Yvan, son « denchik », domestique soldat, apprenant le sort de son maître, veut à tout prix être auprès de lui et se constitue prisonnier. On oblige bientôt Kascambo à rédiger des lettres aux autorités Russes, afin de demander une rançon en échange de sa vie sauve. Mais le temps s’écoule et rien ne vient, il subit les pires traitements, ne trouvant de répit qu’en jouant, parfois, à la guitare pour amuser son geôlier et accompagner Yvan qui danse. Celui-ci n’aura de cesse de chercher le moyen de libérer le major Kascambo, gagnant la confiance des geôliers, des autres habitants, allant jusqu’à se convertir pour apaiser leur méfiance et les accompagner lors de certains méfaits. Belle histoire d’hommes que cette anecdote tirée des œuvres de Xavier de Maistre, présentée ici sous la forme d’un petit livre d’une édition ancienne. L’auteur nous fait découvrir l’âme cruelle des Tchetchenges, avides de batailles et de pillages, de rançons en échange des prisonniers. La volonté d’Yvan, sa fidélité à toute épreuve et sa loyauté sont une magnifique leçon de courage.

Critiques de l’époque

« On ne leur avait pas fait encore les honneurs d’une édition vraiment luxueuse. Est-ce par esprit de clocher que Ferroud a voulu contribuer à glorifier ainsi son compatriote ? je crois plus volontiers que c’est parce qu’en éditeur avisé et plein de goût il a senti quel beau livre pouvait naître de la collaboration d’un artiste tel que Julien Le Blant, et d’un écrivain comme Xavier de Maistre. Et il ne s’est pas trompé, car les Prisonniers du Caucase réunissent toutes les qualités que peut exiger un bibliophile délicat. Les neuf compositions de M. Le Blant sont bien ordonnées ; il y a beaucoup de naturel, de vie et de simplicité dans ces petits tableaux où se meuvent ces farouches Tchetchenges. Il serait injuste de ne pas ajouter que le talent du peintre a été aussi heureusement servi par celui du graveur, M. Louis Müller, qui a interprété habilement les compositions et en a très bien rendu la couleur. » (Le Bulletin du bibliophile)

Voici encore un superbe volume qui vient s’ajouter à la collection déjà si riche et si recherchée des livres édités par Ferroud. Les Prisonniers du Caucase nous sont présentés par M. Léo Claretie, dans une longue préface, très nourrie, où fourmillent les détails et les renseignements sur la vie si peu connue du célèbre écrivain. Xavier de Maistre est certainement l’un des auteurs les plus lus, ses œuvres ou du moins certaines de ses œuvres ont été souvent réimprimées, et l’on peut s’étonner, avec M. Léo Glaretie, que la vie de l’auteur du Voyage autour de ma chambre n’ait pas tenté davantage les biographes et les chercheurs de documents. On connaît, dans ses grandes lignes, certains épisodes de son existence, mais en est-il beaucoup, par exemple, qui sachent que les débuts de Xavier de Maistre dans la carrière des lettres furent le fameux prospectus qu’il rédigea à l’occasion de l’ascension du premier aérostat lancé par les frères Montgolfîer. Savait-on que lui-même monta dans la nacelle de ce ballon et qu’au moment solennel du Lâchez tout il tint fidèlement la promesse qu’il avait faite dans son propectus. « Le ballon, dit ce document, s’enlèvera au signal de « Honneur aux dames ». Les aéronautes, c’est convenu, recevront à leur retour l’accolade des spectatrices. » M. Claretie affirme que les dames tinrent aussi leur promesse. Le préfacier nous conte encore bien d’autres anecdotes sur Xavier de Maistre qui, s’il fut aérostier par occasion, cultiva la peinture, fit la guerre et écrivit d’excellents livres. Avec le « Voyage autour de ma chambre », les « Prisonniers du Caucase » sont le plus célèbre écrit de l’auteur. On a lu et relu ces scènes si pittoresques de la vie Caucasienne, mais jusqu’à présent on ne leur avait pas fait encore les honneurs d’une édition vraiment luxueuse. Est-ce par esprit de clocher que Ferroud a voulu contribuer à glorifier ainsi son compatriote ? je crois plus volontiers que c’est parce qu’en éditeur avisé et plein de goût il a senti quel beau livre pouvait naître de la collaboration d’un artiste tel que Julien Le Blant et d’un écrivain comme Xavier de Maistre. Et il ne s’est pas trompé, car les Prisonniers du Caucase réunissent toutes les qualités que peut exiger un bibliophile délicat. Les neuf compositions de M. Le Blant sont bien ordonnées ; il y a beaucoup de naturel, de vie et de simplicité dans ces petits tableaux où se meuvent ces farouches Tchetchenges. Il serait injuste de ne pas ajouter que le talent du peintre a été aussi heureusement servi par celui du graveur, M. Louis Muller, qui a interprété habilement les compositions et en a très bien rendu la couleur.

G. V. (Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire 1897)