MAURICE LOIR – AU DRAPEAU !

Récits militaires par Maurice Loir, publiés par Hachette en 1897, avec 36 aquarelles de Julien Le Blant dont 12 planches hors texte, reproduites en couleurs par H. Reymond, 12 en-têtes et de 12 culs-de-lampe tirés en noir.

Maurice Loir, connu également sous le pseudonyme de Marc Landry, est né le 16 avril 1852 à Paris. Après avoir été élève de l’École navale et avoir fait sa carrière dans la marine, ce neveu de Louis Pasteur est devenu lieutenant de vaisseau à bord de la Triomphante en 1882. Il a pris sa retraite en 1896 et a été promu capitaine de frégate de réserve en 1901. Il a écrit des ouvrages portant pour l’essentiel sur la marine de guerre française et a été collaborateur du journal Le Figaro pour les questions maritimes sous son pseudonyme Marc Landry. Maurice Loir était officier d’Académie, et fut fait officier de la Légion d’honneur par décret du 22 juillet 1905. Il est mort le 1er décembre 1924 à Paris.

Au drapeau !, préfacé par Georges Duruy, rassemble des récits militaires extraits des mémoires de G. Bussière et E. Legouis, du Comte de Ségur, du Maréchal Masséna, du Général vicomte de Pelleport, du Capitaine S. Carnot, du Maréchal Marmont, du Commandant du Fresnel, du Général Corbineau, du Général Thoumas, du Général Ambert, du Général baron Lejeune, de Norvins, de A. Vandal, de A. Thiers, du Comte de Michaud, de A. Lallemand, de E. de Lyden, du Baron Petiet, de Camille Rousset, du Capitaine Richard, de Garnier-Pages, du Général du Barail, de A. Rambaud, de P. Laurencin, de Germain Bapst, de Fernand Hue, de Roger de Beauvoir, du Lieutenant Painvin, de Dick de Lonlay, du Capitaine Simon, de Jules Claretie, du Comte S. Jacquemont et les Journaux du temps. On y trouve également un tableau historique des régiments Français.

Préface du livre

«M. George Duruy vient d’écrire pour un livre de M. Maurice. Loir : Au Drapeau — qui se compose de morceaux extraits de mémoires et d’ouvrages militaires et forme une suite d’épisodes éclatants commençant avec les campagnes de la Révolution pour ne finir qu’après 1870 — une préface vibrante de patriotisme, de laquelle nous détachons cette éloquente glorification du drapeau français.

Je suis l’image au juste de la Patrie : Depuis qu’il y a une France, je me dresse au milieu de ses armées. Je parle d’elle à ceux qui, pour elle, vont verser leur sang ; je les exhorté à ne pas lui en marchander une seule goutte, et, quand ils sont tombés, je console, en restant debout, leur agonie. Sous un autre nom et d’autres couleurs, j’étais il y a sept siècles à Bouvines, conduisant les milices de la France à la défense de leur soi envahi par les Allemands; et, au plus fort de la mêlée, agité eu l’air par le bon chevalier qui me portait, j’appelais les nôtres au secours de leur Roi en péril. ; Cinq cents ans plus tard, blanc et fleurdelysé d’or, j’étais à Denain, le jour où la dernière armée de Louis XIV livrait la suprême bataille que j’aidai à gagner, en rappelant aux soldats de Villars que c’en était fait de la France, si par un miracle d’héroïsme ils ne la sauvaient.. À Valmy, à Jemmapes, à Fleurus, j’ai fait flotter les trois couleurs à la tête des irrésistibles légions de la République ; cloué à un tronçon de mât, j’ai eu le dernier regard, la dernière pensée des marins du Vengeur, lorsqu’aux sons de la Marseillaise leur navire criblé de boulets, s’enfonçait lentement dans les flots. À Austerlitz et à Iéna, j’ai été sacré d’une gloire immortelle par les armées du grand Empereur. A l’heure des revers, pendant la funèbre retraite de Russie, c’est autour de moi que marchaient, rangés en un silence farouche, les survivants de la Grande Armée. Par-delà les mornes steppes glacées, j’évoquais à leurs yeux la lointaine Patrie ; sous l’âpre bise et la neige, j’entretenais la flamme de vaillance indomptable qui soutenait les corps épuisés de ces héros. J’ai parcouru toute la terre : l’Algérie et la Chine, le Mexique, le Sénégal et le Tonkin m’ont vu successivement apparaître ; naguère encore, une poignée de braves m’a planté au centre de la meurtrière Madagascar sur Tananarive conquise. Mais ce n’est pas la guerre, la conquête seules que j’ai promenées à travers le monde. Mon éternel honneur sera d’y avoir apporté aussi le généreux esprit de la France.  J’ai détruit le vieil édifice féodal, abri de séculaires iniquités, qui pesait sur l’Europe. Dans tous les lieux où j’ai passé, j’ai semé, je sème encore la liberté. Les peuples mêmes qui ont souffert de mes triomphes ont trouvé dans les défaites que je leur infligeais le gage salutaire de leur régénération ; ils ont maudit victoires, et ces victoires leur ont profité.  Je les ai rachetées, d’ailleurs, ces conquêtes qu’on me reproche ! Si j’ai aimé la gloire, j’ai aimé la justice aussi. Pour le seul amour d’elle, j’ai abrité de mes plis ses causes justes qui, sans moi succombaient ; j’ai protégé les faibles ; j’ai combattu sans réclamer de salaire, pour l’indépendance de peuples, opprimes ; j’ai aidé les Américaine et les Grecs, les Belges et les Italiens à s’affranchir. Que ceux-là parmi eux l’oublient qui ont la mémoire courte, peu importe ! J’ai bien mérité de l’humanité : j’ai conquis, mais j’ai délivré. » (Le Petit Journal 16 décembre 1896)

Critiques de l’époque

« Au Drapeau ! par M. Maurice Loir. Un magnifique volume illustré de 12 planches hors texte en couleurs et de 24 dessins dans le texte d’après les aquarelles et les dessins de Julien Le Blant. Le drapeau dont ce livre raconte l’histoire, c’est le drapeau aux trois couleurs, dont l’origine remonte à la Révolution. Le récit de M. Maurice Loir se compose de morceaux empruntés à toutes sortes de mémoires et d’ouvrages militaires, voire à des journaux officiels, et forme une suite d’épisodes éclatants qui commencent avec les campagnes de Buonaparte en Italie et en Egypte et ne s’arrêtent qu’après 1870. Quel cortège de trophées et de souvenirs héroïques défile sous les yeux du lecteur dans ces pages magnifiquement illustrées d’après les aquarelles et les dessins de Julien Le Blant ! » (Le Phare de la Loire 18 décembre 1896)

« Un livre vibrant de patriotisme, un de ces livres qui enflamment les cœurs de l’amour du pays. Au Drapeau! de M. Maurice. Loir, se compose de morceaux extraits de mémoires et d’ouvrages militaires, et forme une suite d’épisodes éclatants qui commencent avec les campagnes de la Révolution et ne s’arrêtent qu’après 1870. Trente-six planches en couleurs, d’après les aquarelles de Julien Le Blant, montrent aux yeux, en traits émouvants, le cœur de la France qui palpite dans ces récits d’héroïsme. » (Le Figaro 13 décembre 1896)

« Parmi les beaux livres illustrés, ceux qui aiment les récits militaires liront les morceaux rassemblés par M. Maurice Loir, sous ce titre : Au drapeau ! avec une préface de M. George Duruy. C’est l’histoire du drapeau tricolore, composée de fragments de Mémoires, de chapitres écrits par les historiographes. Le commencement est daté des campagnes de Bonaparte en Italie, les dernières pages racontent 1870 et le Tonkin, victoires, conquêtes et défaites. Les illustrations en couleurs de M. Julien le Blant disent, avec une certaine violence d’imagerie, le sang et l’horreur des spectacles. » (La Justice 24 décembre 1896)

« La maison Hachette donne, cette année, à la littérature militaire le pas sur les récits de voyages. Au drapeau ! par Maurice Loir, est un recueil de récits militaires, une galerie de tableaux de batailles, une évocation de la gloire du passé. Ce sont des extraits de Mémoires, des passages puisés dans les ouvrages des généraux et des historiens. Ces feuillets détachés du Livre d’or de nos armées forment un tout, éloquent et consolant. On suit chronologiquement les étapes de notre drapeau, jusqu’aux jours noirs de 1870, qui par instants eurent aussi leur éclaircie d’espérance et leur rayon de gloire. Les craintes que peut soulever notre organisation militaire actuelle sont vives, légitimes. Le haut commandement apparait inférieur, l’exagération du système défensif de la frontière, l’accumulation des forteresses formant autant de pièges à retenir nos forces disséminées, le système régional de recrutement pouvant jeter la consternation et le découragement dans toute une province, spécialement éprouvée à la suite d’une sanglante bataille, la faiblesse de notre cavalerie, l’insuffisance des cadres trop fréquemment rajeunis et la caducité des généraux et des colonels, toutes ces causes d’affaiblissement de notre armée, dont s’émeut, la clairvoyance des patriotes, ne résistent pas à l’enthousiasme, à l’emballement généreux et fortifiant qui s’élève en nous-mêmes au contact des grandes actions du passé. On se dit que les épopées, comme l’histoire, recommencent, et qu’un pays qui a de si prodigieux états de service ns saurait être on danger de périr. Les livres comme ceux de M. Maurice Loir redonnent de la fierté à l’âme, font affluer le sang au cœur et redressent le torse de chaque Français longtemps courbé sous l’humiliation. Une préface de M. Georges Duruy, 12 planchés hors texte et des illustrations en couleur de Julien Le Blant, et un tableau des régiments français font de ce patriotique volume un des meilleurs ouvrages de l’année. Ces récits guerriers sont comme les chants d’une Iliade aux Achilles innombrables, se transmettant d’âge en âge, comme les coureurs de stade le flambeau, le Drapeau de la France. Mme de Witt née Gaizet a déjà corrigé, éclairci, résumé pour la jeunesse les plus intéressants passages de nos vieux chroniqueurs. Cette année ce sont, du docte Suger au précis et anecdotique Froissart, les anciens récits relatifs aux croisades et à saint Louis que Mme de Witt a recueillis et condensés. Avec la couleur et le ton de l’époque, cette dernière aventure de la chevalerie est présentée. Des illustrations d’après les documents du temps ajoutent à l’illusion du récit et font du lecteur un contemporain de Blanche de Castille et du saint roi qui fut le premier, le plus hardi des explorateurs français, l’initiateur du grand mouvement d’expansion de la France en Afrique. Ce volume contient neuf planches en chromolithographie, quarante-six grandes compositions en noir et trois cent deux gravures reproduites d’après les manuscrits et enluminures de l’époque. » (L’Écho de Paris 22 décembre 1896)

« Le drapeau dont ce livre raconte l’histoire, c’est le drapeau aux trois couleurs, dont l’origine remonte à la Révolution. Le récit de M. Maurice Loir ce compose de morceaux empruntés à toutes sortes de mémoires et d’ouvrages militaires, voire à des journaux officiels, et forme une suite d’épisodes éclatants qui commencent avec les campagnes de Bonaparte en Italie et en Egypte et ne s’arrêtent qu’après 1870. Quel cortège de trophées et de souvenirs héroïques défile sous les yeux du lecteur dans ces pages magnifiquement illustrées d’après les aquarelles et les dessins de Julien Le Blant. Tout est épique dans ce volume, y compris même les tableaux de l’année terrible, où les drapeaux de Rezonville, de Saint-Privat, de Gravelotte, de Metz et de Loigny ont aussi leur auréole glorieuse et jettent dans la nuit de la défaite un éclair fait pour relever les âmes. » (La Petite République 26 décembre 1896)