Du salon aux salons
Peintre remarqué lors du salon annuel de peinture, Julien Le Blant était un invité des salons mondains organisés par des femmes cultivées de la fin du XIXe siècle. Deux de ces salons ont été réputés par la qualité des personnalités qui les ont fréquentés : celui de la princesse Mathilde, cousine de l’empereur Napoléon III et celui de l’artiste peintre Madeleine Lemaire, tante de Julien Le Blant.
Ces dames avaient coutume d’utiliser un éventail comme livre d’or.
Sur ces éventails, la signature de Julien Le Blant côtoie, entre autres, celles de Degas, Bonnat, Forain, Detaille, Dumas, Gounod ou Maupassant.
Proche des frères Menier
Julien Le Blant gagne très bien sa vie. Il fréquente les hommes politiques et les industriels comme les frères Menier, qui ont fait fortune dans la chocolaterie. Il est invité dans leur pavillon de chasse de Villers-Cotterêts et sur le Velleda, leur yacht de croisière.
Le yacht de M. Menier est en Méditerranée, à destination d’Alexandrie, ayant à son bord son propriétaire et deux amis, au nombre desquels le peintre Julien Le Blant. (Le Figaro 9 mai 1888)
Le Velleda, steam-yacht d’Henri Menier, est l’un des trois plus grands de la flottille de plaisance du moment. Il est capable, grâce à sa voilure, de filer 14 nœuds. C’est aussi le premier yacht français à avoir « tâté de la banquise » en juillet 1886. Les 330 tonnes de charbon stockés dans les soutes lui garantissent trente-cinq jours de marche sous vapeur sans ravitailler, ce qui l’autorise à accomplir les plus grandes traversées du globe. Il est muni de tous les perfectionnements les plus nouveaux, machines à gouverner, machine et ventilateurs électriques, machines réfrigérantes et chambres froides pour la conservation des viandes fraîches et denrées périssables. Le Velléda, avec ses emménagements où le luxe le dispute au confort, est le yacht type de grandes croisières de cette fin de siècle.
Amateur photographe très éclairé, Henri Menier réunit un lot de 600 vues de paysages hyperboréens et des côtes du Spitzberg. Cette collection unique à l’époque lui vaut une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1889.
En 1895, il achète même l’île d’Anticosti dans le golfe du Saint-Laurent au Canada pour en faire une réserve privée de chasse et de pêche et y fonde Port-Menier. En avril 1913, il acquiert le domaine et le château de Chenonceau.