BLESSÉS DE GUERRE

Le nombre des blessés militaires français durant la première guerre mondiale peut être estimé à plus de 3 millions et demi, dont plus d’un million d’invalides (amputés, mutilés, aveugles, sourds, gueules cassées) sur les huit millions de soldats mobilisés.

Les stratégies militaires de stationnement, la guerre des tranchées et l’utilisation de plus en plus poussée et systématique des canons modernes, font que les blessures par explosions et éclats d’obus représentent près de deux tiers des atteintes loin devant les blessures par balle, par arme blanche ou plus tardivement par le gaz ypérite dit gaz moutarde.

Gueules cassées et membres amputés.

Les soldats touchés présentent des fractures et des plaies béantes, à la tête, au tronc, aux membres supérieurs et inférieurs. Des blessures d’un genre nouveau, sur lesquelles médecins et chirurgiens tâtonnent. Les perforations de l’abdomen ou de la poitrine sont les plus mortelles, qu’il y ait eu ou non intervention chirurgicale. Et les infections très fréquentes comme la gangrène gazeuse et la septicémie, emportent les blessés en quelques heures. De grands progrès seront toutefois faits au cours de la guerre pour traiter à temps et efficacement les cas les plus urgents ou dramatiques, en matière de radiologie, de chirurgie réparatrice, de greffes, d’appareillage, sans oublier la généralisation des traitements antiseptiques.

On aurait préféré ne pas les avoir ce spectacle devant les yeux, mais les blessés étaient nombreux à stationner autour de la Gare de l’Est. Certains en convalescence, attendant de repartir au front, d’autres définitivement démobilisés et souvent poussés à la mendicité.

Peu d’artistes les ont représentés. Ces hommes mis hors combat ne favorisaient pas le moral des troupes et ne représentaient pas forcément l’idée que se faisait la population du valeureux poilu. Julien Le Blant, dans un souci de documenter au plus près la réalité de la gare et de ses environs pendant la grande guerre, nous en donne un émouvant aperçu.