Chez Félix Potin, des vignettes « Panini » avant l’heure
En 1885, pour fidéliser sa clientèle, Félix Potin, roi de la grande distribution et précurseur en la matière, décide d’offrir à chacun de ses clients une image, presque comme un bon point. Plus vous achetez plus vous recevez d’images. Celles-ci sont regroupées par genre (figures politiques, figures sportives, figures artistiques, etc.) dans différents cahiers-albums selon les périodes de cette véritable campagne virale de fidélisation. Le tout premier album à sortir sera la collection Chocolat Félix Potin (1885-1888), les autres se bornant au titre explicite Collection Félix Potin (à partir de 1908).
Chaque album contenait 500 images-à-collectionner chacune d’environ 4cm x 8 cm. On imagine que le client potentiel des enseignes Potin pouvait se le procurer avant ou après le démarrage de la cueillette de ces images-vignettes rappelant furieusement le principe, aujourd’hui, des images Panini.
Ce document nous renseigne sur la vision d’une société fin XIXe siècle encore très masculine, pétrie de glorification des êtres maintenant oubliés pour la plupart. Ces 500 personnalités de l’époque donnent un aperçu de ce qui comptait alors. Entre vieilles gloires et jeunes aventuriers, princes, officiers et hommes politiques, se profilaient toutefois quelques artistes et comédiens. Julien Le Blant eut droit à son portrait dans deux albums de la collection.
Pierre Lanith Petit (1832-1909)
De nombreuses photographies de ces albums Potin ont été prises par le photographe Pierre Lanith Petit, élève de Disdéri (inventeur de la photo-carte, petit format pouvant servir de carte de visite). Petit avait en 1859 démarré un projet pharaonique, celui de produire une galerie des Hommes du Jour. C’est peut-être cette ambition de collecter les grandes figures du siècle qui a motivé Potin à créer son système de cartes-photos à collectionner. Il semble que ce soit peu de temps après l’ouverture de son atelier à Paris, en 1859, que Pierre Petit se lance dans l’élaboration d’une Galerie des hommes du jour, qui devient, par la suite, la Galerie des illustrations contemporaines. Il est vrai que la plupart des grands ateliers parisiens du second Empire, à la suite de Laisné et Nadar, travaillent pour ces « Galeries » et « Panthéons » très en vogue à l’époque.
Voir aussi les célébrités rencontrées dans le salon de sa tante Madeleine Lemaire.
La mode des dîners littéraires et artistiques était une autre coutume en vogue à la fin du 19e siècle. Julien Le Blant faisait partie de celui de « la Boulette » qui réunissait en autres les peintres Ferdinand Heilbuth, Jules Lefebvre, Jules Goupil, Arthur Baignières, le peintre et romancier Gustave Droz le dramaturge et librettiste d’opéras Ludovic Halévy, ou le docteur Horteloup.