Durant l’hiver 1933-1934, Julien Le Blant connaît à nouveau des problèmes de santé, et, l’été suivant, on le trouve en convalescence à hôtel de la Côte d’Or de Semur où il se plaît à dessiner les maisons du village. Il revient encore durant l’été 1935.
Un reportage sur Semur, avec des dessins du peintre voyageur local André Maire, est paru quelque temps auparavant dans l’Illustration. Est-ce à l’origine de sa motivation pour venir y dessiner aussi?
« Nous avons commencé par aller voir Semur, que nous avons trouvé très amusant, il y a beaucoup à faire pour Julien ; Aussi nous avons écourté notre séjour ici pour retourner à Semur lundi matin, en passant par Avallon que je trouve très pittoresque. Je pense qu’il y travaillera beaucoup, sa santé de tout l’hiver n’avait pas été brillante. Je compte beaucoup sur ce long séjour au grand air pour qu’il refasse une provision de santé. » (Lettre de Marie à Guiguet – Hôtel de la Côte d’Or – Semur, juillet 1934)
« Nous sommes ici fort bien dans un hôtel très convenable, avec des gens aimables et un pays inimaginable : je dois dire plutôt une vielle d’un pittoresque inouï, où à chaque pas on voudrait s’arrêter et crayonner. Je ne m’en prive pas, je vous assure, j’en ai mal dans ma pauvre main droite et le bras qui suit. Le Hic est de grimper et […] je n’ai plus des jambes de 50 ans et des genoux tout neufs. Aussi ma femme, voyant mon enthousiasme, a cherché et trouvé dans le bas au milieu de motifs à faire la gloire d’un peintre, une petite maison pas reluisante du tout, mais où nous pourrons venir l’an prochain avec la bonne, ce sera reposant pour moi. » (Lettre de Julien à Guiguet – Hôtel de la Côte d’Or – Semur, juillet 1934)
« Oui, nous sommes à Semur depuis quelques jours et si, depuis ma rentrée à Paris en septembre de l’an dernier, j’ai si souvent rêvé de ce patelin, ce n’était pas une erreur de ma part. Je trouve Semur encore plus extraordinaire que dans mes souvenirs. On se promène dans des motifs sans nombre. Les officiels aussi bien que les privés. C’est un coin extraordinaire et si dans la nuit je me réveille, c’est pour penser à ce que j’ai vu et à me demander comment je m’y prendrai pour rendre un peu ce que j’ai vu, ou du moins essayer ; et alors adieu le sommeil, j’en ai jusqu’au lever du jour à me tourner et me retourner dans mon lit. Aussi, je suis fatigué. Il y a trop à faire. Et puis, je suis travaillé per l’idée d’attaquer plus grandement le ton local et au besoin exagérer l’entier de la couleur. Que ça donnera-t-il ? Dans mes vieux jours, je vois du vert et du violet, tout simplement et plus je regarde plus je suis persuadé que j’ai raison. » (Lettre à Guiguet – Hôtel de la Côte d’Or – Semur 1935)
Il s’agit de son dernier voyage et de ses toutes dernières réalisations. L’artiste, pourtant toujours désireux d’expérimenter de nouvelles idées, a maintenant 84 ans. Fatigué et malade, il meurt à Paris quelques mois plus tard.