LE SALON ET LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES

La Société des artistes français est une association loi de 1901 instaurée en 1881 par Jules Ferry, notamment pour gérer le Salon des artistes français, une exposition annuelle succédant au Salon de l’Académie des beaux-arts, héritière de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Le 27 décembre 1880, Jules Ferry demande aux artistes admis une fois au Salon de constituer la Société des artistes français, héritière du Salon créé en 1663 par Colbert. En 1881, la Société des artistes français reçoit la mission d’organiser en lieu et place de l’État, l’exposition annuelle des Beaux-Arts. En 1883, le palais de l’Industrie est mis à disposition des artistes pour 1 franc symbolique.

Delacroix, Ingres, Manet, Rodin, Claudel, Bartholdi, Dufy, Picabia entre autres en furent sociétaires.

En 1881, elle prend le nom de Société des Artistes Français. L’Etat lui délègue le soin d’organiser une exposition annuelle des Beaux-Arts et la charge de s’administrer elle-même.

En 1883, un décret paru au journal officiel la déclare « d’Utilité Publique ».

Depuis 1901, le Salon a lieu tous les ans à Paris sous la nef du Grand Palais des Champs-Elysées qui a remplacé le Palais de l’Industrie démoli pour l’Exposition universelle de 1900.

La Société des Artistes Français existe toujours et compte plusieurs centaines d’adhérents auxquels s’ajoutent tous les ans plusieurs centaines d’exposants au moment du salon.

Salon de 1890

Julien Le Blant au comité

La Société des artistes français est composée d’un bureau élu par le comité. Les sociétaires élisent les membres du comité et un jury pour chaque section. Le jury est élu pour trois ans parmi les sociétaires médaillés d’or. Julien Le Blant est élu en 1891 comme membre du Comité.

En 1893 il est élu pour 3 ans comme membre du jury de peinture.

En 1899 il est élu comme membre du jury de peinture.

En 1900 il est élu comme membre du Comité.

Sous les présidences de 

1891 : Léon Bonnat

1896 : Édouard Detaille

1900 : Jean-Paul Laurens

1901 : William Bouguereau

Les médailles d’honneur, de 1re classe, 2e et 3e classe ont été instituées dans un souci d’encouragement aux artistes et sont attribuées par le jury pendant chaque Salon dans les cinq sections : peinture, sculpture, gravure, architecture, photographie. Depuis 1946, elles deviennent des médailles d’or, argent et bronze. La médaille d’honneur récompense l’ensemble d’une œuvre.

Les médailles sont éditées par la Monnaie de Paris et gravée par des sociétaires graveurs en médailles.

En bas à gauche, « la mort du général d’Elbée » par Le Blant au salon de 1878.

Le salon officiel

Mais pourquoi ce fameux Salon attirait tant Julien Le Blant et ses condisciples au point de passer une partie de l’année à préparer une toile pour cet événement ? Les Salons ont connu pendant près d’un siècle, approximativement de 1750 à 1850, et surtout de la Restauration à la Troisième République, un véritable âge d’or.  Le Salon officiel était un des événements mondains les plus courus de la vie parisienne au 19e siècle. Il durait deux ou trois mois, cristallisait l’intérêt de l’opinion et attirait un immense public (500 000 entrées en 1876, 50 000 visiteurs certains dimanches). Les organisateurs recevaient pour cette exposition annuelle parfois plus de quatre mille œuvres dont la moitié était souvent refusée. Les tableaux étaient accrochés sur plusieurs niveaux et les meilleures pièces n’étaient pas forcément les mieux présentées. Des médailles étaient distribuées à la fin du salon par un personnage important, parfois le chef de l’état. Ce jeu des récompenses, mentions, médailles, décorations qui marquent tout au cours des Salons une carrière réussie, explique la place que les artistes lui accordent. Le tableau du Salon est la grande affaire, à lire Balzac et Zola, de la vie du peintre et son meilleur revenu. Avec Courbet, qui ouvre sa propre exposition en 1855, puis avec le Salon des Refusés en 1863, le Salon officiel et ses critères d’acceptation a été fortement remis en question. Pourtant le passage par cette manifestation semblait incontournable comme le disait Renoir à Durand-Ruel en 1881:

« Il y a dans Paris à peine quinze amateurs capables d’aimer un peintre sans le salon. Il y en a 80 000 qui n’achèteront même pas un nez si un peintre n’est pas au Salon. Voilà pourquoi j’envoie tous les ans deux portraits, si peu que ce soit. De plus, je ne veux pas tomber dans la manie de croire qu’une chose ou une autre est mauvaise suivant la place. En un mot, je ne veux pas perdre mon temps à en vouloir au Salon… »